Depuis maintenant 18 mois, la France subit des attaques, dont on ne connaît toujours pas les commanditaires. Officiellement, un réseau de salafistes passés par l’Irak, la Syrie, ou aucun de ces deux pays en guerre, fomentent des attentats sur notre sol, bientôt suivis par des opérations en Belgique et en Allemagne. On peut y ajouter les explosions en Turquie, mais la situation n’est pas comparable.
La lecture des événements français est difficile : les attentats relativement réguliers – sans compter ceux qui sont neutralisés dans l’œuf, si l’on se fie aux dires du ministre de l’Intérieur – suivis des réactions de la société civile et de la classe politico-médiatique, ont créé un enchevêtrement d’événements, d’enquêtes et d’analyses, brouhaha d’où il est presque impossible de sortir l’esprit clair. Finalement, on ne sait toujours pas qui est notre ennemi, si nous sommes vraiment en guerre, et pourquoi, tant l’explication officielle fluctue, avec des arguments peu crédibles (en regard de la situation géopolitique) et des zones d’ombres grandissantes.
De ce magma de sang et de mots, monte une musique lancinante : la France serait malade de l’islam, et la réponse résiderait en Israël, qui sait comment mener cette guerre. Une communication qui occupe de plus en plus d’espace médiatique, soutenue par des porte-paroles de plus en plus officiels. Il semble que l’on teste l’israélité de notre pays.
Nous avons relevé les jalons de ce qui apparaît comme une campagne politico-médiatique, car elle est basée sur des éléments de langage qui indiquent une réflexion en amont, qui plus est collective. Un travail d’orientation de l’opinion est objectivement en cours. Ceux qui vont vite en besogne penseront qu’il s’agit, à coups d’attentats sous faux drapeau, de faire basculer l’opinion française – dont la voix diplomatique compte toujours dans le « concert des nations » – dans le camp des israélophiles. Néanmoins, il n’est pas utile d’aller aussi loin dans la conclusion : les faits qui suivent suffisent à se faire une idée de la lame de fond qui a suivi et qui accompagne les attentats.
La seule question qui peut se poser est celle-ci : l’organisation manifeste à la base de cette communication qui propose d’israéliser la réponse aux attentats qui blessent la France, profite-t-elle opportunément d’une campagne terroriste islamiste authentique, ou en est-elle aussi à l’origine ?
On connaissait les importateurs du conflit israélo-palestinien en France. Désormais, les « produits » arrivent sur le marché. Et ceux-là, impossible de les boycotter. Le 26 juillet 2016, moins de deux semaines après l’attentat de Nice (86 morts), l’ancien ministre de la Défense Hervé Morin a le mérite d’être clair dans Le Figaro :
« La France a vécu en paix pendant des décennies. Elle vit une grande période de tourmente qui va durer. Il ne faut pas hésiter à s’inspirer de ce qui a été fait dans les pays durement frappés par le terrorisme – je pense notamment à Israël. Il nous faut “israéliser” notre sécurité. […] Les risques de fragmentation de la société sont trop graves pour que l’on ne réagisse pas à l’enchaînement des actes terroristes. Sinon, tout cela risque de finir en guerre civile. »
Une semaine auparavant, soit trois jours après la dérive meurtrière du « camion blanc », Le Figaro dévoilait « Le plan israélien contre les voitures béliers » :
Avec le couteau, la voiture-bélier est devenue l’arme favorite des auteurs d’attentats palestiniens. En un an, le Shin Beth, le service de sécurité israélien, a recensé pas moins de 30 attentats de ce genre. Tout a commencé en 2008 lorsqu’un Arabe israélien, ayant volé sur un chantier un engin de terrassement, a semé la mort dans le centre de Jérusalem avant d’être abattu après avoir tué quatre passants. Par la suite, des voitures ont été utilisées pour faucher aussi bien des civils dans des villes israéliennes que des soldats stationnés à des postes de contrôle en Cisjordanie.
Depuis, plots en béton et autobus bloquent toute circulation pendant les grands événements. Et les civils israéliens se sont armés, par dizaines de milliers. Exemple, le pistolet « anti-prise d’otages », qui ne peut tirer qu’avec un code, détenu par son propriétaire (en anglais sous-titré) :
Israeli military veterans develop new gun lock to help prevent future shootings https://t.co/HzMEdVxsip #IsraelNews pic.twitter.com/8NdxGEjBLC
— Haaretz.com (@haaretzcom) 26 juillet 2016
Nous en venons au point crucial :
À ce propos, Tzahi Hanegbi, un ministre proche de Benyamin Nétanyahou, le chef du gouvernement, ne cache pas une certaine amertume vis-à-vis des critiques émises dans le passé en Europe contre « l’usage disproportionné de la force » envers les auteurs d’attentats à la voiture bélier. « Les Européens ont mis du temps à comprendre le danger et ils continuent à chercher le point d’équilibre entre la sécurité individuelle et la préservation des valeurs démocratiques ».
Ram Ben Barak, ancien numéro deux du Mossad, le service de renseignements, estime lui aussi que les « responsables des services de sécurité français qu’(il a) rencontrés le mois dernier savent ce qu’il faut faire, mais les dirigeants politiques ne sont pas assez mûrs pour leur donner les moyens, comme cela a été le cas aux États-Unis après le 11 Septembre, pour permettre une surveillance efficace de suspects afin de savoir qui est qui et qui fait quoi ».
Traduction : les Israéliens ont choisi la sécurité contre la démocratie, chose qui fait encore débat en France. Julien Dray, l’homme de SOS Racisme, le chantre de l’ethno-séparatisme et de la constitution des communautarismes (mais avec une hiérarchie bien comprise), vante aujourd’hui les valeurs de la République… contre tous les communautarismes. En visant surtout, en creux, le communautarisme musulman. Interrogé le 22 juillet 2016 par Apolline de Malherbe sur BFMTV, il dévoile les enjeux du combat en cours :
« Cette question terrible, est-ce que vous êtes prêts à sacrifier un peu de votre démocratie, de vos libertés pour lutter contre le terrorisme, justement c’est ça qu’il ne faut pas faire ! […] Le vrai enjeu, face au terrorisme, c’est qu’ils veulent que nous changions. Ils veulent que nous abandonnions la République. […] Ils veulent qu’on en revienne à des communautés et à la guerre des communautés parce qu’ils veulent devenir les chefs d’une communauté pour briser ce pacte républicain et ce n’est pas un hasard d’ailleurs si ils s’attaquent, le pays qui est le plus ciblé c’est la France, parce que c’est un modèle, c’est un modèle dans lequel progressivement, avec difficultés, est en train de naître un islam libre, un islam qui s’émancipe de la tutelle salafiste et c’est là toute la bataille qui est en jeu, c’est que la République doit permettre la naissance de cet islam libre, et donc nous devons faire attention parce que l’enjeu, c’est le communautarisme. »
C’est là où le volte-face du « conseiller » du président Hollande force l’admiration :
Apolline de Malherbe : « Mais qu’est-ce qu’on peut faire aujourd’hui, créer d’autres SOS Racisme, on l’a déjà fait, le résultat c’est celui qu’on voit… »
Julien Dray : « Non je m’excuse mais c’est pas aussi simple que ça, si vous me permettez. Je pense qu’il y a besoin, justement, d’une nouvelle fraternité. Quelle était la force de SOS Racisme ? C’était cette fraternité, qui s’exprimait, c’était qu’on refusait la division communautaire. »
Alors que SOS Racisme a institutionnalisé la séparation des communautés, entre Blancs et immigrés… Un culot exemplaire, qui est la marque de certains de nos hommes politiques. Cela n’empêche pas Dray d’expliquer, avec cohérence, pourquoi il refuse la création d’un Guantanamo à la française, une proposition de Georges Fenech, qui conduit la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts). Mais les faits sont têtus, et les journalistes, pourtant systémophiles, peuvent parfois aussi être têtus :
Malherbe : « Mais on a l’impression qu’on a toujours un attentat de retard…
Dray : Le système il doit évoluer sur quelque chose qui n’était pas jusqu’à maintenant notre… tradition. La société israélienne, par exemple, a évolué elle-même dans son combat contre le terrorisme, nous n’avons pas assez ce qu’on appelle des profileurs. Vous savez quand vous prenez l’avion en Israël...
– Il faut prendre l’exemple sur la façon dont Israël s’est adapté au terrorisme ?
– Il faut prendre tous les exemples possibles. Et donc Israël n’est pas un mauvais exemple. Il y a des tas de choses qu’on peut critiquer mais aussi des réflexions à avoir. Vous savez quand vous prenez l’avion à l’aéroport de Tel-Aviv vous avez cette personne, qui est souvent agaçante, qui vous pose des tas de petites questions, avant de prendre l’avion, vous avez fait votre valise, ou vous la donnez, d’où vous venez, on a même l’impression que c’est dérisoire. Or grâce à ce système-là, des dizaines d’attentats sont déjoués. Ben quand je vous dis des profileurs, prenons l’exemple du cas de Nice. Il y a deux éléments qui auraient dû nous alerter, c’est là où il faut faire évoluer : un camion de 18 tonnes n’est pas rendu à la société de location… Deuxième élément, on a un système vidéo et on a personne qui est capable d’analyser en temps réel, c’est ce que j’appelle des profileurs… Donc notre système de sécurité, il doit évoluer par cette mobilisation générale… »
Le message est clair : en israélisant notre système de défense civile, nous réduirons drastiquement le nombre d’attentats. Cette manière directe de proposer l’expertise israélienne en la matière émane d’hommes politiques qui ne sont plus véritablement en fonction. Au niveau de l’exécutif, on est plus prudent. On passe par des formules indirectes, à l’image d’un Manuel Valls, interrogé par Libération du 12 avril 2016 :
« Aujourd’hui, la laïcité est confrontée à la montée de l’islam radical mais aussi à la place de l’islam dans nos sociétés. Je crois en mon pays, à son message et à ses valeurs universelles. J’aimerais que nous soyons capables de faire la démonstration que l’islam, grande religion dans le monde et deuxième religion de France, est fondamentalement compatible avec la République, la démocratie, nos valeurs, l’égalité entre les hommes et les femmes. »
Pour ajouter, avec une perfidie consommée :
« Certains ne veulent pas y croire, une majorité de nos concitoyens en doute, mais moi, je suis convaincu que c’est possible. »
Un Premier ministre qui n’a de cesse de jeter de l’huile sur le feu de la désagrégation nationale. Cette israélisation ou cette tentative d’israélisation de la France n’est pas une nouveauté. On la voit déjà dans le secteur culturel (où un grand remplacement a commencé bien avant que Camus et Finkielkraut ne le dénoncent à grands cris), comprenant le cinéma, la télévision, la radio et l’édition. Pour ce qui est de la politique, les « choix » des deux derniers présidents de la République font qu’on pourrait renommer l’UMPS, devenue LRPS, en un parti unique, le Parti sioniste de France.
Après celle de notre défense extérieure, alignée sur les intérêts et les menaces israélo-américains, se prépare l’israélisation de notre sécurité intérieure. Cette évolution présente un double avantage pour le lobby sioniste français, qui transcende la fausse opposition droite/gauche : elle rapproche la situation française de la situation israélienne, situations qui n’ont structurellement rien à voir (la France n’est pas un pays d’occupation), elle justifie la politique de répression israélienne en Palestine, et justifie en retour la sionisation de notre politique, intérieure et extérieure. Ainsi, le président LR de région Laurent Wauquiez souhaite-t-il des centres d’internement pour les personnes fichées S. À la manière des Israéliens qui internent des milliers de Palestiniens sans jugement, sur simple soupçon de menace contre l’État.
« Je demande que toutes les personnes fichées soient placées dans des centres d’internement antiterroristes spécifiquement dédiés. Notre système de défense doit maintenant être à la hauteur de la menace. Il n’y a pas de liberté pour les ennemis de la France et de la République. »
Le problème, c’est que la vie française était jusqu’à récemment l’une des plus agréables au monde, grâce à la lutte continue de nos ancêtres, et que la vie israélienne, basée sur la spoliation, est synonyme de violence d’État. Cela fait d’Israël l’un des pays les moins aimés du monde, et pas parce que le reste du monde serait antisémite : uniquement par humanisme, c’est-à-dire fraternité avec les victimes. Faire passer l’humanisme pour de l’antisémitisme est le grand tour de passe-passe des élites sionistes.
Revenons en France. C’est l’attentat de Nice, au modus operandi « palestinien », qui lance l’offensive « israélisante ». Le site libéral de droite contrepoints.org se base sur la communication officielle (la France est en guerre, et pour longtemps) pour demander, le plus naturellement du monde, au lendemain de la tuerie : « L’Europe pourrait affronter des attentats terroristes fréquents dans le futur. Comment se préparer à vivre avec le terrorisme et que peut nous apprendre le cas d’Israël ? »
C’est dans la continuité de « Vivre sous la menace quotidienne : l’exemple israélien », titre de l’interview donnée par Hervé Morin au Figaro du 20 novembre 2015, et sur la même ligne que celle de Julien Dray sur BFMTV. Si cela ne prouve pas qu’il y a préparation collective, on peut dire qu’il y a congruence. La presse fonctionnant par reprises pyramidales, du haut vers le bas de l’échelle médiatique, la multiplication des articles sur « la solution israélienne » ne démontre pas une entente des médias entre eux, et des médias avec le pouvoir. Mais le résultat est le même : un front commun, presque l’union sacrée. Contrepoinds.org interroge donc Corinne Sauer (amer, en allemand), issue du think tank JIMS, basé en Israël, et qui « promeut le progrès social à travers la liberté économique et la liberté individuelle ». Sauer préconise un service militaire obligatoire, l’autorisation du port d’armes pour les civils, et la privatisation de la sécurité des lieux publics et des magasins. Une société militaro-policière totale. Si les médias diffusent la « proposition » israélienne, le monde politique n’est pas en reste. Hasard du calendrier ou pas, le 13 janvier 2016, la diffusion d’un film à la gloire du fondateur du sionisme Theodor Herzl est organisée par le centre Simon Wiesenthal sous le haut patronage du président de la République. François Hollande, l’homme qui avait, le 9 juillet 2014, « israélisé » le communiqué de l’Élysée sur l’agression israélienne à Gaza sous la pression téléphonique des services de Benyamin Netanyahou.
Corinne Sauer finit sur une note d’espoir fraternel :
« J’habite à Jérusalem, une ville très diverse, où toutes les communautés, Juifs comme Arabes, vivent ensemble, utilisent les mêmes transports en commun, travaillent, sortent ou font leurs courses dans les mêmes endroits. [..] Nous essayons de maintenir la tolérance entre les communautés. »
C’est Anne Hidalgo, la créature conjointe du CRIF et de François Hollande, qui aura pour charge d’organiser le très polémique Tel Aviv sur Seine, ou le rapprochement forcé, en août 2015, entre les deux capitales. Une congruence entre la France et Israël, illustrée par Le Figaro du 20 novembre 2015 :
« Tel-Aviv, c’est un peu comme les Xe et XIe arrondissements de Paris, dit Isabelle : même genre de population bobo, qui fréquente les bars, se retrouve dans des restaurants branchés et sort beaucoup la nuit. » Isabelle a 30 ans. Née à Paris, elle a effectué des allers-retours entre la France et Israël depuis que ses parents s’y sont installés quand elle était enfant. Voilà trois ans, elle s’est établie définitivement à Tel-Aviv, où elle travaille comme régisseuse d’une galerie d’art. Comme l’a annoncé Manuel Valls, elle pense que les Français devront apprendre à vivre sous une menace permanente comme l’ont appris les quelque 3,5 millions d’habitants de la métropole israélienne.
Certains vont un peu plus loin, comme « Jérémie, fondateur d’une start-up à Tel-Aviv » :
« Ici, chacun sait que ces terroristes sont là pour tuer. On n’a pas affaire au FLNC ou à des séparatistes bretons. Le réflexe évident, c’est qu’il faut les descendre avant qu’ils commettent un carnage. »
L’article se termine sur une note d’espoir fraternelle binationale :
D’une même voix, ces deux binationaux souhaitent dire aux Français que d’autres vivent comme ils devront le faire après les massacres du 13 novembre. « Cela donne une autre approche de l’existence et du bonheur, un sens de l’urgence », souligne Jérémie, avant d’ajouter : « Les sondages ne cessent de démontrer que les Israéliens se disent beaucoup plus heureux que les Français ! » À méditer…
Importer le pire produit d’Israël, à savoir l’insécurité chronique due à une politique de colonisation condamnée par les instances internationales, voilà qui devrait faire l’objet d’un boycott par les autorités françaises. Mais ces dernières préfèrent visiblement importer l’insécurité ET la politique sécuritaire. Même l’opposition dite de droite nationale s’y met, à ceci près que Gilbert Collard n’est pas représentatif de tout le Front national. Le 16 novembre 2015, sur LCP, l’avocat enfonce le clou. À 14’33, il déclare : « Allons un peu prendre des leçons en Israël… Il faut demander à des Israéliens de nous former ! »
Gilbert Collard a le mérite de la cohérence, puisqu’il prônait déjà la même chose le 12 janvier 2015, alors invité du Talk Orange-Le Figaro : « Les Israéliens nous disent ‘’ce que nous vivons ici, vous allez le vivre chez vous’’ mais on ne les écoute pas. On n’entend pas leurs leçons et on a bien tort. » Il récidivera en juillet 2016, après l’attentat de Nice :
Le 17 novembre 2015, L’Opinion, le quotidien libéral de droite, diffuse la tribune de Noam Ohana, un franco-israélien « réserviste dans une unité d’élite de Tsahal », qui critique la tactique des forces de l’ordre françaises face aux tueurs du Bataclan :
« Il est urgent de changer d’approche et de reconsidérer ce mode opératoire. Il n’y a pas dans la nouvelle forme de terrorisme suicidaire et apocalyptique que nous confrontons beaucoup de place pour « l’attente ». L’attente c’est la mort certaine. »
La ligne dure est en train de l’emporter. Pour le conseiller à la sécurité de Nicolas Sarkozy puis de Manuel Valls, Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient, interrogé le 16 novembre 2015 toujours par L’Opinion, l’exemple à suivre réside chez les Américains, avec l’aggiornamento effectué par le NYPD après 2001. Une révolution basée sur une étude du même Bauer pour ce célèbre département de police new-yorkais… Qui a débouché sur une unité pluridisciplinaire, jugée plus efficace, de 3 000 agents. Bauer critique l’empilement des services antiterroristes français – « DGSI, SCRT, SDAT, DRPP, SATBC, UCLAT et EMOPT ». Pour lui, le véritable outil antiterroriste reste à créer. Il explique en outre la vague d’attentats de 2015 par la guerre française contre l’État islamique, ou Daech. Une guerre aux conséquences désastreuses qui n’est à aucun moment remise en question, puisque le pouvoir amplifie cette guerre après chaque attentat...
Bauer, déjà suffisamment associé au sionisme par son appartenance maçonnique et son influence occulte (il n’a jamais eu de poste ministériel officiel), ne préconise donc pas une israélisation des méthodes de sécurité, mais leur américanisation. Ce n’est pas le cas de Patrick Pelloux – l’urgentiste de Charlie Hebdo, journal satirique décimé le 7 janvier 2015 par les frères Kouachi – qui prône l’exemple américano-israélien. Sur RMC, il déclare, deux jours après la tuerie du Bataclan :
« Quand on voit des pays qui vivent avec le terrorisme larvé, les États-Unis ou Israël, ces pays ont changé leur façon d’être. À New York, il y a des numéros d’urgence partout dans le métro. Il faut avoir les mêmes pratiques en France. Nous avons trop laissé faire. Il faut changer beaucoup d’habitudes. Nous avons une certaine lassitude de la sécurité mais il va falloir faire passer ça. »
Un appel à la répression à l’américaine, avec des relents de Patriot Act, assez stupéfiant pour un gauchiste. Philippe Val n’aurait pas mieux dit. Le même Pelloux a participé à la préparation d’un « exercice d’attentat multisites » le matin du 13 novembre 2015. Pour de nombreux observateurs de la chose géopolitique, la congruence israélo-française en matière « terroriste » n’est pas une surprise. Le site dreuz.info rappelle que le 7 août 2014, le chef du gouvernement israélien déclarait sur i>Télé que « cette peste du terrorisme viendra chez vous en France ». Prémonition, ou menace ?
Toujours est-il que Netanyahou déclare, le 14 novembre 2015 : « J’ai donné ordre à nos services spéciaux d’aider la France contre le terrorisme ». Pour les suspicieux, une main tendue qui se concrétisera par la nomination du très israélo-compatible Georges Fenech à la tête de la commission parlementaire sur les attentats de novembre 2015. Le député UMP s’inspirant des méthodes locales : « Nous sommes venus en Israël pour apprendre », avouera-t-il sans complexe à Paul Amar sur la chaîne i24news de Patrick Drahi.
Tous ces rapprochements sont connus, puisqu’ils sont volontairement médiatisés. En parallèle de cette israélisation manifeste, à vecteurs multiples, et désormais officielle, la pression sur la communauté musulmane française, dans laquelle évoluerait une pépinière de salafistes-djihadistes-terroristes en puissance, s’accentue. Peut-être est-ce là encore une coïncidence. Une augmentation de la pression, malgré les appels hypocrites de l’exécutif à éviter tout amalgame, symbolisés par le double discours de Valls, qui reprend en 2016 la technique de pompier pyromane de Sarkozy lors des émeutes de 2005… Mais le lien est vite fait dans l’esprit des Français, qui assistent impuissants à la montée d’une guerre qu’on leur impose, et dont ils sont les victimes potentielles directes. De là à imaginer qu’il s’agit d’une guerre sous camouflage islamiste de l’oligarchie contre le peuple français...
Les attentats de janvier 2015 ne les ont pas précipités outre mesure dans les bras d’Israël et contre la communauté musulmane. Pourtant, sur le papier, il y avait de quoi, si l’on ose dire, avec les morts de l’Hyper Cacher, et la divulgation « officielle » du pedigree de l’auteur des crimes. La vague islamophobe n’a pas pris.
Dix mois plus tard, avec les attentats de novembre 2015, la tuerie augmente en nombre et en barbarie. Le premier choc coupe l’islamophilie, le second empêche l’islamophilie de repousser.
La parole dominante, véhiculée par les réseaux sociaux, et alimentée par les médias, passe au orange. Le troisième choc, celui de Nice, voit les vannes républicaines céder sous le poids de la colère populaire, qui cherche des responsables de tous côtés. Il semble qu’un but soit atteint. La société française saura-t-elle résister à cette double pression, à cette israélisation venue d’en haut, et à l’islamophobie venue d’en bas, c’est-à-dire à la désignation des musulmans comme boucs émissaires ? Si ce n’est pas le cas, les objectifs des faucons français américano-sionistes seront atteints.
Cependant, la société française ne réagit pas de manière unanime et pavlovienne au couple de stimuli terroristes et médiatiques. L’Obs a nagé à contre-courant de cette israélisation en diffusant une tribune, le 19 août 2016, intitulée « Prévention des attentats : pourquoi Israël n’est certainement pas le modèle à suivre », et signée, entre autres, par Rony Brauman. Le médecin humanitaire qui a osé s’opposer au néocolonialisme américano-sioniste du duo Kouchner-BHL. Et qui s’est vu priver de son existence médiatique pour cela.
Malgré la politique extérieure de nos élites, et ses conséquences intérieures, le pays profond n’est toujours pas aligné sur l’axe israélo-américain. La France ne réagit pas comme il faudrait aux coups qu’elle reçoit depuis janvier 2015…